Ocean de sagesse

 

Océan de sagesse

C'est ainsi qu'on le nomme pour le décrire sur un plan différent que le titre honorifique de Dalaï Lama. Ce dimanche là, nous l'avons donc accueilli à la Modern School de Delhi. Les étudiants de l'Inde, et du reste du monde mélangés se sont posés face à lui pour écouter et entendre ce qu'il avait à dire, ou à redire, pour ceux qui connaissent de lui quelques anecdotes. Etait-ce un enseignement ? Ou bien une conférence, qui a finalement glissée en une discussion, en réponse aux quelques nombreuses questions écrites sur un bout de papier, et tirées au sort.

L'essentiel de ce rassemblement gratuit, notons-le, se déroulait dans une rotonde, à proximité du terrain de cricket des universitaires.... Happiness ! C'est le mot qui revenait avec insistance dans la voix du vieux moine tibétain. Celui-ci résonnait de la même façon que lors du passage de la nouvelle année dans celle de Titch Nath Han, le vieux moine viet-namien du village des pruniers. La joie ! Véhiculer de la joie, du bonheur, de la chaleur ! Offrez ! Le confort matériel permet bien entendu de faciliter notre façon de vivre, l'argent, l'argent, money money, n'est pas le but ultime, tout du moins, cela n'est pas le sens premier pour une conscience qui évolue.

Tout ce qui a été dit autour de cela n'est pas difficile à comprendre, simplement, difficile à accepter, et à mettre en oeuvre. Le vieux moine avait parlé de la communauté, des soeurs et des frères, et de l'importance que véhicule ce lien pour chacun de nous, le Dalaï Lama a fait de même en nous saluant en que tant que ses soeurs et ses frères. Lui-même a souligné que rendre heureux une personne avait des répercussions bénéfiques sur notre environnement, et bien au delà. Il nous suggère d'y penser, surtout lorsque les difficultés et l'adversité se présentent à nous. Ce qu'il a ajouté à ceci, nous est sans doute encore, difficile à accepter et à mettre en oeuvre.

Sa vibration ne nous a pas quitté jusqu'au retour dans le quartier tibétain. C'est toujours une grande chance d'assister à un rassemblement pour la paix, le coeur ouvert au bonheur de tous les êtres. Cultiver la bienveillance encore et encore, sans se charger de prendre les choses en main pour le monde, mais être responsable de ses actes, de ses pensées, et accepter néanmoins de ne pas pouvoir atteindre ou manifester ses pleines facultés.

Lorsque l'esprit se remplit de ces belles résolutions, très rapidement celui-ci est en cours d'interrogation écrite, ou orale, c'est comme on veut !

Nous nous sommes levés très tôt ce matin pour prendre le bus vers Jaïpur. Notre taxi de la veille nous attendait, comme convenu à l'heure précise. Nous comptions sur le petit déjeuner de l'hôtel, mais les horaires de dernières minutes ayant changés, le tchaî de la rue était finalement le bienvenu. Il ne restait plus que la chambre à payer. Mais même chez les tibétains, une sorte d'impermanence malsaine existe aussi. Le prix a également changé. Quelques euros d'écart et le principe ne nous laissent pas indifférents. Money money ! Ce sont les mots du même monsieur, le vieux moine tibétain qui se tient là, juste au dessus, encadré comme il se doit. Au bout de vingt minutes, le mantra de Tara clôt les débats. Une parole est une parole !

Voyage sur Jaïpur, la température remonte. Les paysages se succèdent, c'est l'Inde que l'on connaît, la voyageuse, l'intrépide, d'où sortent des questions qui se bousculent à propos de l'existence en ce monde. Nous aimons.

L'arrivée ici est épique. Ils sont filous, malins, et une seconde d'inattention nous fait dévier de notre route, de nos résolutions. Ils sont vraiment impeccables et nous le montrent sans le vouloir ou pas. Ils luttent pour la survie, et nous, nous voyageons.

Au final, le lit est toujours aussi dur, le sommeil toujours aussi pauvre, et le balancement des ombres continue à jouer avec le flou de la raison. Une vraie douche chaude, enfin ! Demain nous allons découvrir la vieille ville...