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Galerie L'oeil en relief
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1 mars 2011

Le mouvement de la Terre

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Le mouvement de la Terre


Une sensibilité étrange laisse encore plâner l'esprit entre deux espaces. Le vertige du corps trouble d'autant plus la conscience, qui change d'état et se modifie. Je n'en connais pas réellement les causes, mais il est évident que je ne maîtrise rien. La fatigue me prend sur quelques minutes seulement, qui précède une sorte d'éveil intense. Les sens s'activent et une contraction au niveau du plexus et de la gorge se manifestent. Serait-ce une peur ? La crainte de revenir au quotidien routinier, sans le défi imminent de l'inconnu !


Je retrouve le seuil de mes méditations. Regards reliés à un calme qui offre une alternative sur le fait de voir ce qui se passe, intérieurement. Une somme de visions défilent à grande vitesse, et peu à peu elles ralentissent. Mes pensées déclinent également et se bercent à présent des flôts qui donnent la mesure. La sérénité apaise les émotions. Elles traversent les pôles de mon être comme des aurores boréales naissantes soudainement dans le ciel.


Le balancement des astres alourdit mon corps, et une sorte d'hypnose s'empare de ma mémoire. L'esprit tranquille voyage encore. Chaque détail refait surface. La lumière s'empare de quelques zones de brume. Je vois comme si je venais de mourir, le chemin parcouru. Tout ceci semble avoir du sens, et chaque situation pénètre mon silence. Je m'en imprègne.


Si je parle de ce voyage à une personne, en évoquant des scènes premières à ma sensibilité, je sens la tristesse se diluer à une forme de colère. Celle-ci prend son essor sans se déployer vers l'extérieur. Mes yeux sont témoins des souvenirs, et cela doit se voir. Je ne cesse de croire au pouvoir de la femme, celui qui engendre autonomie, tendresse et générosité. Ce pouvoir déclare aussi le "non". Une négation qui ouvre sur d'autres champs de perceptions, d'autres réalités, beaucoup plus concrètes que celle de répondre à des processus religieux ou culturels, maintenus par la fixité du c'est ainsi et pas autrement. Dans ce cas, le karma est l'atout majeur de celui qui asservit au sein d'une société où les êtres se considèrent encore comme inférieurs ou supérieurs.


C'est là la marque de la société indienne, le système des castes, qui ne laisse aucune chance d'évolution à une grande majorité de personnes, et s'en assure même au besoin en les poussant vers les bas-fonds d'un  non-retour cinglant. Il est possible ainsi, en pleine rue, de dire d'une personne qu'elle est folle, tout simplement parce que son présent l'a couvert de mouches et que l'énergie de vie confinée en cet esprit, n'a plus la force de se déployer vers l'extérieur. La communication se ferme, et la fatalité des uns subit celle des autres.


Les pays occidentaux, ou dits civilisés, peuvent pointer du doigt et de l'oeil de tels fonctionnements. Cela existe encore en leur sein. Mais l'évolution de l'information a trouvé sa force dans la manipulation, la transgression, la déformation et la dissolution de la vérité, sous couvert de parti-pris ou d'orientation du regard sur l'esprit. Ici, le voir fonctionne différemment. Une cachette peut en entrainer une autre. Ainsi, le karma est aussi vrai dans tous ses aspects samsariques qu'au pays de la misère.


J'ai voyagé certes, mais d'un point à l'autre, là où tout se ressemble et se manifeste sous différentes formes. La substance est la même partout. Mon nomadisme ne peut m'apporter un répit à ces visions, celles de ce sol et d'ailleurs. Ce dont je suis imprégné est l'essentiel. Mon coeur est ici, sans contrainte ni rancoeur. Il a la magie d'être amoureux et d'émaner ces sources vibratoires saines et pures en mon esprit. Cela lui facilite de prendre son envol vers un espace, où il n'y a ni à refaire le monde, ni à le fuir.


Ces deux derniers mois, il a écouté et suivi l'onde d'une légende rapportée par le souffle de la terre. Pour cela, il a dû chevaucher le dragon de feu, cheval fou d'une liberté invisible. Seule l'intention d'y voir clair, sans préjugé ni morale, d'y voir les choses telles qu'elles se présentent, m'a permis de rester à dos de dragon. Il est dit dans la légende, que l'animal flamboyant se laisse guider par les mouvements de la Terre. Il en est un en particulier qu'il suit dès qu'un être humain prend place sur son échine.


Les lignes du monde se sont ouvertes à l'onde des naissances. Ma compagne et moi-même avons déposé au sol nos vieilles histoires et nos jouets d'anciennes vies. Des vieilleries qui ne peuvent s'entasser comme toutes les ordures que l'on évite dans notre démarche, car elles risquent d'être nocives pour d'autres, qui viendront, qui passeront, qui éviteront aussi.


A travers ses battements de coeur, la Terre nous aide à voir clairement ce que l'on décide soi-même de ne plus activer. Une longue fatigue s'est emparée de nos corps. Des changements de rythmes s'opèrent et de nouvelles brèches, des micro-fissures, entament leurs progressions au sein de l'être. L'eau, l'air, le feu, la terre s'y engouffrent comme s'il y avait urgence. Ma solitude pointe dans un désert sans nom. Le berger vêtu de bleu me revient.

 

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Commentaires
C
Salut Xavier ! Je me suis permis d'imprimer tes textes pour les lire dans de meilleures conditions, ce que je viens de faire. Je n'ai pas pu tous les lire (à cause du "cadrage" de leur impression sur la feuille de papier), mais ceux que j'ai lus révèlent une bien belle sensibilité qui recueille la clarté comme pour mieux se laisser guider par elle. La lumière de la réalité (de tes observations et rencontres durant ton voyage avec Pascale en Inde) s'ouvre avec douceur et bienveillance sur le monde et ta conscience, car ton esprit lui-même y puise là la matière de l'amour que tu nous transmets si sincèrement et partages avec nous dans ces beaux textes. Merci à toi Xavier ! Mais on aura l'occasion d'en reparler. Bien à toi! <br /> <br /> Cédric
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